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Pauvre Georges !

Pauvre Georges !

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  • Résumé

    Rien de plus ennuyeux, de plus sinistre, de plus dérisoire, de plus pathétique que la middle-clans américaine. Une société composée de gens figés dans un immobilisme routinier, un conservatisme étriqué, un puritanisme sans envergure et sans générosité, mais qui néanmoins voudraient se gargariser de vertus et de bonne conscience. Des hommes sans qualités qui souhaiteraient en somme faire croire à une improbable perfection. Mais un coup d'oeil furtif par la fenêtre de leurs minables existences boursouflées suffit à surprendre leurs faiblesses, leurs lâchetés, leurs habitudes équivoques, leurs frilosités anesthésiantes, leurs petites peurs grises et leurs vils secrets... « Ce pays est pourri », s'écrie l'un des personnages de Paula Fox. L'Amérique des années 6o a laissé derrière elle l'idée rassurante du bonheur, sa belle innocence et ses dernières valeurs. Il lui reste sa médiocrité.
    Et Georges, ce « pauvre Georges », est-il aussi ennuyeux et conformiste que les autres? Du moins garde-t-il pour lui une certaine exigence de lucidité. Englué dans « la mocheté de la vie moderne », entre une sueur paumée, une épouse morose et désabusée et des amis douteux, il a conscience de se débattre dans une existence tristement sordide. Il est professeur dans une école privée de Manhattan, mais à trente-six ans son métier ne l'intéresse plus vraiment. Tant` de choses ont évolué! Georges ne se résigne pas complètement à l'échec de sa vie. Il est candidat au malheur par excès d'idéalisme. Il attend encore un changement. Il espère... Aussi le jour où il trouve Ernest, un jeune « marginal », en train de fouiller chez lui, il se réjouit presque. Emu par l'abrupte sauvagerie de l'adolescent, naufragé d'une génération perdue, venu s'échouer là sans crier gare, Georges retrouve sa compassion pour un être humain et sa vocation d'enseignant. Enfin, il va pouvoir donner un sens à sa vie en assurant le sauvetage d'Ernest.
    Mais le garçon aux traits « purement linéaires, comme ceux des saints de bois dans les niches des cathédrales », symbole de l'innocence mais sans vrai sens moral, est un rebelle difficile à pacifier. Tel un minuscule grain de sable dans une machine emballée, il devient l'élément à la fois perturbateur et révélateur des failles jamais complètement colmatées dans le fragile édifice que Georges s'est construit. Vite abandonné par son épouse, le petit prof n'est plus qu'a un paquet de nerfs à la dérive ». Il se retrouve bientôt à l'hôpital, grièvement blessé par un voisin qui l'a, en pleine nuit, pris pour un voleur, tandis qu'un peu plus tard on retrouve le corps de son élève, battu à mort par une bande de voyous...
    Dans Personnages désespérés, Paula Fox se servait d'un chat pour « griffer » la vie trop mesurée de ses héros. Avec Pauvre Georges! qu'elle écrit en 1967, elle met en scène un adolescent pour « déranger » et meurtrir les jours un peu trop calmes de ce pauvre Georges. On pourrait la comparer à Raymond Carver qui partage sa vision désespérée de l'Amérique. Comme lui, elle sait décrire l'incapacité d'aimer, de se battre, de trouver les forces de survivre. Comme lui, elle connaît la vie quotidienne des banlieues ordinaires avec ses drames conjugaux, ses problèmes de chômage, d'alcoolisme et de délinquance. Elle dont l'enfance a été ballottée de la Californie à Cuba puis à New York où elle vit encore aujourd'hui, qui a ensuite exercé tant de métiers avant de devenir enseignante pour enfants inadaptés, a eu aussi bien du mal à trouver un point d'équilibre. Mais en devenant écrivain, elle payait son tribut à la littérature qui l'avait tant aidée à surmonter ses difficultés. Dès son plus jeune âge (elle est née en avril 1923), les livres avaient été en effet les indispensables compagnons de ses errances : « Jeune, j'ai appris que les bibliothèques publiques étaient des lieux de refuge et de stabilité au milieu du chaos et de la confusion. » Georges aussi essaie de sauver Ernest avec les livres en lui donnant les récits de Conrad... Mais peut-on réellement faire quelque chose pour quelqu'un? Rien ni personne ne peut changer le cours de ces vies ratées et Paula Fox, sans effets ni grandes phrases, sans envolées tragiques ni réalisme noir, nous redit, d'un livre à l'autre, cette intolérable évidence.
    Pourquoi s'est-elle consacrée si longtemps à l'écriture de livres pour enfants? Pour se réfugier dans un monde merveilleux? Sûrement pas! jamais elle n'édulcore pour eux l'âpre réalité, la solitude et la souffrance des êtres, jamais elle ne cesse d'être terriblement concrète, proche de cette littérature « minimaliste » qui s'attache aux infimes détails, un objet, un vêtement, un geste, une intonation, une certaine musique des choses pour donner l'imâge la plus juste, la plus adéquate du monde qui l'entoure. Non, peut-être a-t-elle cherché longtemps un public jeune comme si elle voulait se bercer de l'illusion de pouvoir l'influencer ou contribuer à enchanter sa vie. Mais de cet espoir, Pauvre Georges!, livre pour adultes, est évidemment dépourvu. Autant dire que cette littérature est, dans son exigence même, difficilement soutenable.

    Source : Le Livre de Poche
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