Passer aux informations produits
1 de 1

L'amour c'est beaucoup plus que l'amour

L'amour c'est beaucoup plus que l'amour

  • Livre Format Poche Poche
  • En français Français
Prix habituel 9,60 €
Prix habituel Prix promotionnel 9,60 €
Promo
Taxes incluses. Frais d'expédition calculés à l'étape de paiement.
Expédition sous 24/48h | jour ouvré

Livraison à 2.49€ avec Mondial Relay. Gratuite dès 25 €

Paiement sécurisé
  • American Express
  • Apple Pay
  • Mastercard
  • PayPal
  • Visa

Un achat engagé

  • Soutenez une coopérative à but non lucratif
  • Livre collecté, stocké et traité en France
  • Participer à une économie circulaire
Afficher tous les détails
  • Résumé

    Un jour, Jacques Chardonne a l'ingénieuse idée de composer lui-même ses propres morceaux choisis. Il extrait de ses livres des phrases qui ont l'air de pensées. Mais comme il est avant tout poète, ses réflexions deviennent des rêveries. Le recueil est publié en 1957 et une phrase tirée de Pauline (le deuxième volet des Destinées sentimentales) lui donne son titre : L'amour c'est beaucoup plus que l'amour. De fait toute son oeuvre passe par cette affirmation.
    Jacques Chardonne est l'écrivain d'un style. On l'apparente aux romanciers anglais mais, lui, se recommande de Tolstoï. Proust l'impressionne, il a 30 ans en 1914, quand paraît Du côté de chez Swann. Collaborateur de l'éditeur P.V. Stock, il a déjà choisi de publier L’Hérésiarque d'Apollinaire et le célèbre Toi et Moi de Géraldy. jusqu'en 1930 0 existe en France une véritable société littéraire. Dans les meilleurs salons bourgeois, infailliblement après dîner, on parle littérature. Chardonne est l'un des animateurs de cette époque pleine de civilités, d'intelligence raffinée, d'attention scrupuleuse. Il pratique l'art de vivre et l'art de se divertir, l'art du point virgule et l'art de la volupté des mots. Parmi ses amis, Giraudoux retrouve Paul Morand aux dîners du dimanche soir. Es parlent, ils s'amusent, « Us jouaient à être des enfants » écrit Chardonne dans Propos comme ça, son dernier livre, publié en 1966.
    Chardonne est né dans la littérature. Quand il vient au monde, à Barbezieux, le 2 janvier 1884, une maison pleine de livres l'accueille. Il connaît bientôt Baudelaire par cœur, aime Flaubert, La Rochefoucauld, La Bruyère, Pascal, Tolstoï, Nietzsche et tous ses contemporains. Quand il devient éditeur, les grands écrivains aiment à s'attarder dans son bureau. Mais à écrit lui aussi depuis longtemps, même si ses manuscrits restent dans ses tiroirs comme Catherine qu'il. ne publiera que soixante ans Plus tard.
    L'Epithalame est rédigé en Suisse de 1915 à 1920 et paraît en 1921 avec un énorme retentissement. En 1927 paraît Le Chant du bienheureux qui marque son retour à la littérature, puis se succèdent d'autres livres, des romans, des récits, des essais ou des ouvrages de réflexion : Les Varais (1 929), Eva (1930), Claire (l 93 1), L'amour du prochain (1932), Les Destinées sentimentales (1934?1936), Romanesques (1936), Chronique privée (1940), Chimériques (1948), Vivre à Madère (1953), Le ciel dans la fenêtre (1959), Demi-jour (1964), Propos comme ça (1966).
    En marge de son oeuvre, un petit livre Le bonheur de Barbezieux rassemble ses souvenirs d'enfance et de jeunesse. Il commence à le rédiger dès 1938. Barbezieux, petite ville de Charente, lui a beaucoup appris. Les rues de Barbezieux grimpent et circulent autour des vieilles maisons provinciales. La bourgeoisie d'affaires s'y repose. « Rien de plus étonnant qu'une petite ville, écrit Chardonne dans Le bonheur de Barbezieux..., cette société vous apprend sur l'amour, les passions et le pittoresque humain tout ce qu'on peut savoir. je m'étonne qu'un romancier ait de l'imagination s'il n'a pas vécu dans une petite ville. »
    « A Barbezieux j'ai commencé à connaître la vie » dira-t-il beaucoup plus tard. je peux dire je suis né à Barbezieux; je peux dire aussi je suis américain (sa mère était fille de ce David Haviland qui avait fondé à Limoges une célèbre fabrique de porcelaine). En réalité, je suis l'enfant de mes imaginations. »
    Quand, après la guerre, à laisse la direction des Editions Stock à son ami et associé Maurice Delamain, il vit retiré à La Frette. Il a fait construire là une maison en terrasses avec un jardin. E note sur son cahier : « une vue immense, un paysage immaculé que la première boucle de la Seine enveloppe en face de Saint-Germain, dont la forêt est mon horizon ». Il devient « l’ermite de La Frette », à apaise ses rancœurs, calme ses passions, entre dans la sagesse. E devient un homme du passé, ce passé qui ne s'efface pas, « cette longue vie où j'ai eu d'abord le cœur serré dans l'âcre bonheur de Barbezieux ». Les souvenirS ont beau avoir été ensevelis, on n'est pas maître de ses souvenirs. On finit toujours par vivre avec des fantômes.
    Le moraliste a maintenant succédé au romancier. Chaque jour, il reçoit ou écrit des lettres à Nimier puis Morand. E rencontre des amis, évoque les écrivains qui le touchent : Kléber Haedens, Jacques Brenner, Michel Déon, Bernard Frank. De Freustié il écrit: « J'aime bien jean Freustié. je ne sais pas pourquoi; la meilleure raison, je crois. » Voilà bien l'écrivain elliptique, celui qui se situe toujours dans la zone subtile du non-dit. La lecture en transparence en dévoile plus encore. Chardonne est avare de ses mots et il a l'art du raccourci. Ses phrases sont allusives et sa pensée scrupuleuse. Un grand prosateur, a-t-on dit de lui, parce qu'il a cru aux mots, non aux idées.
    Ses livres sont comme des dentelles. Les fines résilles qui S'enchevêtrent forment un tissu rare. Le tapis des couleurs ainsi tressé enchante par sa beauté paisible. Chardonne est un calme. Sa littérature, comme lui, est sage, lente et sereine. « Ne penser à rien, quelle paix! » C'est un conteur à la plume légère, élégante et limpide. L'écrivain c'est celui qui aime les métaphores, les images inévitables et pourtant inattendues, la rigueur excessive, les choses simples mais inexplicables. L'écrivain est ce solitaire qui accepte la vie.
    Kléber Haedens trouvait en Chardonne l'expression d'une connaissance presque asiatique de l'homme et du monde. E évoquait sans doute aussi la dignité de l'homme qui écrivait quelques années avant sa mort, survenue le 29 mai 1968, à La Frette : « Savoir finir; c'est le principal, peut-être. Finir au bon moment, et non pas déchu. Dans ce mot : « finir », prononcé lentement et comme étalé, je crois entendre le bruissement de perles remuées que font les vagues répandues sur le sable après beaucoup de culbutes. »

    Nicole Chardaire
    Source : Le Livre de Poche, LGF
  • Caractéristiques