Roman volé

Un soir de l'été 1994, à l'aéroport de Marignane, on dérobe à l'auteur une mallette contenant divers objets personnels - bijoux, cartes bancaires, agenda.
- mais aussi et surtout l'unique manuscrit d'un roman achevé. Dix-neuf mois de labeur, la vingt-cinquième partie du travail de toute une vie. Dès le lendemain du vol, François Nourissier entreprend de mettre par écrit ce qui se passe dans la tête d'un homme ainsi dépossédé. Sentiment exacerbé de sa propre vulnérabilité, obsession sécuritaire dont il découvre qu'elle n'attendait en lui qu'une occasion pour éclore.
Mais une autre surprise le guette. Lorsque, après quelques semaines, mallette (vide) et roman sont retrouvés, le travail du deuil s'est accompli. L'écrivain ne publiera pas ce texte. A force de dénigrer ce roman pour le regretter moins, le doute s'est emparé de lui et ronge à présent tous ses livres, sa vie même. Doute qui vient habiter chaque page de ce bouleversant Roman volé, plus vrai peut-être en cela que l'oeuvre perdue, plus urgent, plus sincère.
La conclusion du si beau texte de François Nourissier est déchirante et pourtant sereine, voire pleine d'espoir, et ça, c'est un sublime grand écart littéraire. Jean-François Josselin, Le Nouvel Observateur.

Source : Librairie Générale Française (LGF)