Enfances vendéennes

« Né dans une famille paysanne vendéenne, six ans après la fin de la Première Guerre mondiale, il me semble avoir vécu mon enfance dans un autre temps, dans un autre monde. Un temps où le temps est plus lent, plus étiré, si bien que l'on pouvait le gaspiller. Un monde qui était encore celui des outils à main (ceux du bourrelier, du sabotier, du jardinier), de la traction animale (les couples de boeufs, les chevaux, les ânes). Mes enfances sont celles d'un petit pauvre, dans une petite ville, parmi des petites gens. Le meilleur s'y mêlait sans cesse au quotidien. On ne s'étonnera donc pas d'y trouver des fées, qui n'ont d'ailleurs cessé de jouer dans ma vie un rôle capital, ni Rabelais dans sa robe de bure, ni Georges Simenon dans son buggy. Ils ont été aussi présents dans mon enfance que mon grand-oncle, ancien zouave du Sacré-Coeur; que les soldats d'Afrique des troupes coloniales de garnison, etc. A quatorze ans, "émigré" à Nantes avec ma mère pour y chercher un emploi, j'y ai découvert la modernité et le goût des itinéraires urbains. C'est donc sur mon Adolescence nantaise que s'achèvent ces Enfances vendéennes. »

Source : Seuil