Les mille oiseaux de Sadako

Août 1954, au Japon. En cette journée ensoleillée, tout un peuple commémore le bombardement d’Hiroshima. Sadako, une petite fille d’une dizaine d’années, sait que ce jour est dédié aux nombreux disparus, mais pour elle, c’est avant tout un jour de fête. Musique, feux d’artifice et barbe à papa sont au programme. Sadako est heureuse. Elle est en vie. Et elle a été selectionnée pour représenter son école au championnat national de course. Le jour de la course, quelque temps plus tard, elle ressent des premiers malaises. Très vite, le verdict tombe, fatal : Sadako est atteinte de leucémie et la maladie est la conséquence directe des radiations nucléaires de la bombe. La petite fille passe désormais ses journées à l’hôpital. Pour lui redonner force et courage, sa meilleure amie lui offre un oiseau en papier et lui rappelle une vieille légende japonaise : si une personne malade réussit à réaliser 1 000 oiseaux en papier, les dieux exauceront ses voeux et elle guérira. Alors Sadako plie son premier oiseau. Des centaines d’autres suivent. Autour d’elle, amis et famille se mobilisent pour lui apporter sans cesse de nouveaux papiers... Jusqu’au jour de sa mort, ces oiseaux de papier deviennent pour Sadako le symbole même de la vie et de l’espoir.
Sadako a réellement existé. Cette histoire est son histoire. Au Japon, elle est une véritable héroïne, symbole de paix et de courage.
Avec beaucoup de talent et de subtilité, Eleanor Coerr réussit à rendre l’histoire de Sadako étonnamment proche. Son récit est marqué d’une grande retenue, il évite avec soin le pathos, le mélodrame ou encore la dénonciation un peu facile de la guerre. L’auteur nous fait simplement vivre et partager le destin à la fois tragique et absurde d’une petite fille qui ne demandait qu’à vivre. Toute l’émotion jaillit de la simplicité et de la poésie du récit ; l’espoir de paix qu’il contient n’est jamais moralisateur. Le début du livre, par exemple, est particulièrement touchant : l’émotion naît du contraste entre la joie et la spontanéité de Sadako et le poids de ce tragique épisode de l’histoire mondiale. Tout est dit : la violence et l’irresponsabilité des hommes mais aussi l’innocence, la force de vie et l’espoir incarnés par Sadako.

Source : Milan