Le tambour

Au fond d'un vaste golfe baigné par la Baltique tout près de l'endroit où se jette la Vistule grossie des eaux de la Môttlau s'élevait jadis le village de pêcheurs de Gyddanyzc. Au fil des ans et des invasions, son nom s'altéra en même temps que grandissaient ses dimensions et il devint un port célèbre : Dantzig. On connaît les grandes lignes de son histoire - celle d'une cité déchirée entre ses voisines, la Prusse et la Pologne. Rattachée à la première après 1793, érigée en ville libre en igig, son annexion en 2939 par 1 Allemagne nazifiée déclenche la seconde guerre mondiale. Depuis, redevenue polonaise, elle s'appellera Gdansk. C'est peu avant 1914 que l'histoire de la famille Bronski se superpose à celle de Dantzig. Elle débute par la rencontre d'Anna la Kachoube et de l'incendiaire Koljaiczeck. De l'union de leur fille Agnès avec le Rhénan Matzerath naît en 1924 Oscar... du moins selon l'état civil lui renie sa filiation. Comment peut-on être fils d'un marchand de produits exotiques ? Il rejette cet hérita e et du même coup, sa future destinée d'adulte, décidant de conservera taille d'un enfant de trois ans à qui l'on offre un tambour de tôle. Rythmant sur ce tambour ce qu'il voit et ressent, hurlant d'un cri qui brise le verre quand on veut lui ôter son jouet, Oscar assiste en témoin désinvolte à tout ce qui se passe à Dantzig, puis à Dusseldorf de 1924 à 1950. symbolique, ce nain transformé en gnome à la chute d'un Reich dont il se désolidarise ? Günter Grass s'en défend. Le récit d'Oscar, l'homme au tambour, est une évocation sans fard et sans complexe, puissante et fouillée comme un tableau de Breughel, du petit peuple de Dantzig pendant la première moitié du XXe siècle.

Source : Le Livre de Poche, LGF