But à la mort

C'était un grand malabar, cet entraîneur de football professionnel. Il se vouait à son travail avec l'ardeur et la foi d'un croisé qui sous son armure mènerait sauvagement ses guerriers : il les houspillait, leur montrait le poing ou encore beuglait contre une décision de l'arbitre. Dans la bonne comme dans la mauvaise for-tune, jamais il ne lâchait pied, jamais ne s'abandonnait. On aurait dit un lion furieux rugissant contre l'univers : nul ne se risquait à croiser son chemin.
Mais aujourd'hui, dans la salle de bains attenant à son bureau, je contemplais sa carcasse nue, effondrée sous la douche ! La tête inclinée comme celle d'un soûlot en train de baver. Un long coupe-papier en acier brillant lui sortait de la poitrine.

Source : Presses de la cité