Mémoires et récits

Arrivé au soir de la vie, jouissant d'une popularité universelle et considéré comme l'Homère de la Provence, le chantre de Mireille voulut remonter aux sources de son inspiration, faire revivre le passé et les souvenirs auxquels restait lié ce moment unique de la sensibilité et de la pensée française: le félibrige. Le début de Mémoires et Récits a la majesté d'un chapitre de la Bible; le poète, de soixante ans y évoque le foyer patriarcal de Maillane, ses hôtes vénérables et touchants, les légendes et les vives images qui excitèrent son imagination et contribuèrent à faire de lui l'interprète génial d'une civilisation restée fidèle à ses origines gréco-latines. Puis c'est 1848, avec ses généreuses illusions vite défleuries, le stage d'étudiant en droit à Aix, où Mistral mène l'exquise et mélancolique idylle qui devait lui inspirer son chef-d'oeuvre: Mireille. La fondation du félibrige en Avignon, l'apparition de l'almanach provençal, les pélerinages aux Saintes-Maries, sont ensuite retracés avec une verve jaillissante. Lamartine, Alphonse Daudet, Mallarmé, Charles Maurras le " sourd qui entendait des voix ", apparaissent dans les derniers chapitres où Frédéric Mistral a au corser son émotion d'une causticité savoureuse.


Source : Plon