Sur l'eau

Poussé par une brise de terre encore froide d'être passée sur la montagne enneigée, le Bel-Ami sort du port d'Antibes, capte dans ses voile, le souffle du large et se fait plus ardent : à sa barre. Guy de Maupassant commence une de ces croisières quïl aime parce qu'il échappe sur l'eau à la foule oppressante et indiscrète. Et quoi de plus passionnant que les jeux du vent, de plus dangereux aussi ?
C'est un caprice du vent d'ouest, justement, qui l'oblige à relâcher à Cannes, dont la clientèle titrée suscite son ironie, comme -les exercices, du régiment d'Antibes son mépris pour la guerre, quand il va visiter l'escadre au Golfe Juan.
Le yacht encalminé doit être remorqué en rade d'Agay et la rom de son capitaine croise celle d'un couple d'amoureux, occasion -pour lui de réfléchir sur l'amour, sur la lune, sur la condition de -l'homme de lettres et de l'homme tout court. Solitude, mi-sère, vieillesse - les souvenirs s'enchaînent dans cette nuit blanche qui s'achève par une pêche à la palangre.
Escale à Saint-Raphaël, à Saint-Tropez encore inconnu où table d'hôte inspire des pages brillantes et acidulées sur l’esprit français. Une excursion à une chartreuse, une autre à Monte-Carlo : le voyage s’achève et aussi ce journal nourri de l'amour mer, d’observations et d'anecdotes où se retrouve toute la douce-amère de l'écrivain.

Source : Le Livre de Poche, LGF