Confiance, encore mieux et Autocuiseur

Quand Diane arrive à l'école Lilah, Jonas la remarque tout de suite. Elle est grande, plus grande que tout le monde, et très maigre. Elle se marre toute seule dans son coin et, en même temps, elle a un air perdu. Quand elle dit au prof sa date de naissance, Jonas fait le calcul : une grande bringue de quatorze ans en classe de première. Bon. Il se dit qu'elle a dû arriver là par erreur, un peu comme lui. Ils font connaissance, peu à peu. C'est pour les mêmes raisons, sans qu'ils le sachent, qu'ils se retrouvent dans cette école spéciale. Il y a quelques mois, Jonas a perdu sa petite amie dans un accident de scooter, et le père de Diane est mort. Pour aller mieux, pour surmonter le choc, Diane va tous les vendredis chez la psychiatre, Mme Cardine. La psychiatre lui explique la différence entre psychothérapie et psychanalyse. Elle ne prononce jamais le mot " folie ". Elle dit " basculer ". Diane aimerait bien qu'elle la laisse tranquille. Jonas, lui, ne suit aucune thérapie. Ses parents veulent juste qu'il oublie. Il se contente de partager la vie de son oncle Gus et de son fils, le petit Egen qu'il aide à construire une magnifique cabane en bois dans le jardin. Un jour, la psychiatre donne à Diane une poupée russe en lui disant que toutes ces poupées gigognes, sont des petites Diane qu'il faut laisser sortir à la lumière, et vivre. Diane les observe et se souvient. Et elle se met à leur donner des noms, liés à des épisodes de sa vie qu'elle croyait avoir oubliés : Encore mieux, Céramique, Autocuiseur, Con-fiance. Un autre jour, Diane vient assister à la construction de la cabane d'Egen avec Jonas. Et, de silence en souvenir, Diane comprend que c'est aussi sur autre chose que des poupées qu'elle est en train de remettre des noms. Et Jonas admet que c'est aussi autre chose qu'une cabane qu'il est en train de rebâtir. La vie reprend ses droits, doucement, et des morceaux brisés peuvent s'assembler de nouveau. Il se pourrait même que Diane, avec la complicité patiente de Jonas, réapprivoise la musique, ce piano qu'elle aimait tant et qui avait refusé, tout à coup, de se laisser jouer juste.

Source : L'Ecole des Loisirs