La bibliothèque rose, d'hier à aujourd'hui

La bibliothèque rose, d'hier à aujourd'hui

Que vous soyez adolescent, parent, grand-parent ou en âge de l’être, vous connaissez certainement ces couvertures emblématiques de la Bibliothèque rose. Retrouvez-la d’occasion sous toutes ses formes sur Livrenpoche.

La célèbre collection d’Hachette fêtera bientôt ses 170 ans (en 2026), et en plus d’un siècle d’existence elle a bien changé ! 


D’abord, d’apparence. Lorsqu’en 1856 Louis Hachette crée la Bibliothèque rose illustrée, la collection se présente sous une forme relativement luxueuse : couverture de percaline rouge et fers dorés. La collection garde cet aspect jusque dans les années 50.





 Elle adopte alors une jaquette de plastique illustrée au dos couleur rose tendre ; on y trouve de jolies illustrations en couleur. Cette présentation perdure durant les deux décennies suivantes avant de remettre en avant le rose en fond de titre dans les années 1980 et 1990, puis en bordure dans les années 2000 ; de couleur rose framboise cette fois, sans doute en rappel de la percaline rouge. 


La collection change aussi de nom, en même temps qu’elle change de couverture. Ainsi, en 1958, la Bibliothèque rose illustrée devient la Nouvelle bibliothèque rose — qui est enfin rose — puis la Bibliothèque rose, telle qu’on la connaît, en 1972. 


Enfin, elle change de public. Comme le laissent penser sa couverture d’origine et les récits qu’elle contient, la Bibliothèque rose s’adresse a priori à un public aisé. “Avant la guerre de 1914-1918, les volumes de la Bibliothèque rose illustrée semblent avoir fait partie, comme l’argenterie et les portraits d’ancêtres, de l’environnement ordinaire de toute famille aisée”, explique Isabelle Nières-Chevrel, professeur émérite de Littérature générale et comparée à l’université de Rennes II. Autrement dit, des histoires d’enfants riches pour lecteurs privilégiés. 


En réalité, les livres roses furent largement diffusés dans toute la France, en province, même hors des grandes villes. En témoigne la présence des titres de la collection dans les manuels scolaires de l’époque. Ils ont en outre dépassé les frontières : d’après les témoignages d'auteurs francophones, on sait qu’ils ont été lus hors de France.


Comment donner le goût de la lecture aux enfants ?

C’est avec la volonté de rendre la lecture accessible aux plus jeunes qu’en 1853 Louis Hachette crée les bibliothèques de gare puis la Bibliothèque des chemins de fer, qui précède la Bibliothèque rose illustrée. Souhait prolongé par la ligne éditoriale de la collection, devenue symbole de la littérature jeunesse. La maison Hachette opère un coup de force publicitaire, véritable phénomène marketing, avec ses illustrations et sa couverture rose pâle traditionnellement associée à l’enfance et plus étroitement aux petites filles.


Des livres pour filles ? 

La collection s’adresse aussi bien aux garçons qu’aux filles, du moins à l’origine. Ainsi, on trouve des allusions d’auteurs masculins — Proust, Mauriac, etc.— aux célèbres ouvrages qui ont marqué leur enfance à la fin du XIXe siècle. C’est avec la création de la Bibliothèque verte en 1924 qu’eut lieu la séparation des genres. Aujourd’hui, il s’agit d’une simple distinction de tranche d’âge : la rose pour les 8-10 ans, la verte pour les 11-12 ans. 


Souvent associée à la série des Petites filles modèles, la Bibliothèque rose apparaît souvent comme une littérature “éducative” pour jeunes lectrices. Pourtant, le raccourci est vite démenti si l’on regarde les écrits des principales intéressées. Aussi Marguerite Yourcenar a-t-elle détesté “les tomes roses et dorés de Mme de Ségur” (Les Miettes d’enfance) ; “la Bibliothèque rose me donne encore mal au cœur quand j’en vois un exemplaire” confie-t-elle à Matthieu Galey dans un entretien (Les yeux ouverts). Simone de Beauvoir livre elle aussi ses bons et mauvais souvenirs de lecture dans les Mémoires d’une jeune fille rangée (1958).


Comment s’adapter aux goûts du public ?

C’est la question à laquelle Hachette n’a cessé de répondre au cours de l’évolution de la collection. Cette interrogation constitue en vérité le travail de tout éditeur. Par exemple, le public français découvre l’écrivain anglais Enid Blyton dans les années 1950 avec la série Club des Cinq qui remporte un franc succès, dont s’empare la Nouvelle bibliothèque rose. C’est l’époque des séries en général qui se multiplient dans les années 1960-70 : Malory School, Fantômette… La collection profite également du phénomène des séries télévisées et cinématographiques pour les adapter en roman : d’un côté, Candy, Casimir, Goldorak, Inspecteur Gadget, de l’autre, les Disney Pinocchio, Dumbo, Les 101 dalmatiens, Rox et Rouky… 


Dans les années 1980, la Bibliothèque rose fait face à un nouveau défi : la concurrence des collections de poche lancées par d’autres maisons d’édition (Folio Junior, Castor Poche, l’Ecole des loisirs) qui deviennent les nouvelles références de la littérature jeunesse. Depuis, la collection Hachette peine à se renouveler : après les séries TV, elle se lance dans l’adaptation romancée de bandes dessinées. Ainsi, dans les années 2000 des titres tels que Titeuf, Cédric, Franklin, Totally Spies, Witch, Winx Club saturent les couvertures roses, même si on trouve encore quelques nouveautés comme Futékati de Béatrice Nicodème.


Pour pallier ce manque, Hachette adopte la stratégie inverse en mettant en lumière le caractère authentique de sa collection en republiant les titres phares sous le nom des Classiques de la Rose. En instituant ces ouvrages comme classiques, la maison d’édition crée une référence commune et l’érige en modèle dans la mémoire collective. La stratégie est habile car elle s’assure un public soucieux de se procurer l’édition originale des célèbres ouvrages.


Retrouvez ces grands classiques d’occasion sur Livrenpoche où vous pourrez choisir entre plusieurs éditions d’époques différentes. Découvrez également l’actualité de la Bibliothèque Rose ainsi que d’autres livres jeunesse.


Cet article a été rédigé à l’aide de l’ouvrage suivant : Les 150 ans de la Bibliothèque rose, par Bénédicte Gornouvel et Isabelle Nières-Chevrel, disponible d’occasion sur Livrenpoche.




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