Le vicaire

Dès 1924, Adolf Hitler expose dans Mein Kampf (Mon combat) les principes qui inspireront ses actes politiques lorsqu'en 1933 il prendra en main le destin de l'Allemagne : rétablissement de la grandeur perdue en 1918, sauvegarde de la pureté de la race aryenne, etc. Sa dictature - on le sait - aboutit à la persécution des non-Aryens et des opposants au régime et, sur le plan extérieur, à des annexions dont celle de la Pologne déclenche en 1939 la IIe Guerre mondiale. La formidable machine de guerre allemande écrase les Alliés et, du nord au sud de l'Europe, Hitler applique ses méthodes : spoliations, arrestations, déportations vers des « camps de travail » qui sont en fait des camps d'extermination. Les Nazis opèrent au grand jour et, s'il faut attendre la victoire alliée de 1944?1945 pour découvrir l'horreur de ces camps, le sort des juifs est connu de toutes les puissances libres. Pourquoi le pape Pie XII, la plus haute autorité morale du monde, n'est-il pas intervenu? N'a-t-il vraiment rien su comme l'affirment certains, ou s'est-il abstenu par crainte de mettre en danger ses ouailles? Mais alors n'a-t-il pas manqué à la mission de charité qui incombe au Vicaire du Christ?
C'est dans la masse des documents réunis pour servir au procès des criminels de guerre nazis que Rolf Hochhuth a cherché une réponse à cette question angoissante pour toutes les consciences. Il en a tiré une oeuvre dramatique étonnante de force, de vérité et d'émotion qui a été jouée dans de nombreux pays devant des publics toujours passionnés.

Source : Le Livre de Poche, LGF