La mauvaise carte

"Hans était bon élève. Dès son plus jeune âge, il reconnaissait ses devoirs envers ses parents, et prenait à c½ur les immenses espoirs qu'on avait placés en lui. L'école est l'endroit où l'on sème dans l'esprit vierge non seulement la connaissance, mais aussi les préjugés, et comme Hans possédait un sens inné de la discipline, après les générations de serviteurs dévoués sinon brillants qui avaient rendu respectable le nom de Winterschild, il s'ensuivit que le jeune garçon s'abreuva à la fontaine du savoir sans jamais s'interroger sur le goût de ce que l'on y buvait. " Roman de formation d'un jeune nazi, La Mauvaise Carte a été salué à sa sortie en 1960 comme un véritable tour de force. Loin de tout manichéisme, Peter Ustinov fait ici le portrait d'un officier exemplaire, un personnage plus pathétique que haïssable, prisonnier dès l'enfance d'une tradition familiale marquée par le mythe de la grande Allemagne. Pur produit d'une idéologie qu'il se montrera incapable de remettre en cause, il traverse sans états d'âme la guerre et son cortège d'horreurs. La défaite de l'Allemagne le laissera privé d'identité, et de tout avenir.

Source : Pierre Belfond (Editions)