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La mort d'un apiculteur

La mort d'un apiculteur

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  • Description

    « On recommence. On ne se rend pas. »> Cette petite phrase prononcée par Lars Gustafsson et reprise par son héros tout au long du livre apparaît comme le leitmotiv essentiel de La Mort d'un apiculteur. Plus qu'une incantation ou une injonction magique, cette sentence scandée à intervalle régulier distille une unité, une morale, une règle de vie, un thème majeur, presque musical, au roman de l'écrivain suédois.
    Un homme va mourir. Il a tout quitté et tous l'ont quitté. Il a pris sa retraite anticipée d'instituteur pour vivre en solitaire dans une ferme au bord d'un lac, dans la seule compagnie de ses abeilles (et encore lui arrive-t-il de négliger l'entretien des ruches) et de la nature aride qui l'entoure... A quarante ans, il souffre d'un cancer de la rate avec métastases. Le verdict? II ne veut pas le connaître et brûle la lettre du laboratoire sans en prendre connaissance. Ce geste dérisoire et symbolique est pour lui le seul moyen d'écarter la mort, du moins de ne pas s'en mêler, et aussi de ne pas abdiquer.
    Nous sommes au printemps 1975. Avant l'automne prochain, Lars Lennart Westin, l'apiculteur, aura disparu. Pour rendre plus crédible encore, plus humaine et plus poignante sa narration, Lars Gustafsson utilise le procédé des écrits retrouvés. Il feint d'avoir découvert trois carnets laissés par l'apiculteur après sa mort, et il les publie in extenso. Cette structure romanesque lui permet d'installer une sorte de •< dialogue » entre une personne et cette •~ entité » obsédante et impersonnelle qu'est la douleur. Au passage, on notera que l'écrivain et l'apiculteur ont le même âge et le même prénom.
    Les carnets nous livrent donc pêle-mêle, du moins sans ordre apparent, des moments de vie, des souvenirs, des listes de dépenses et de revenus, des pensées, des réflexions philosophiques, des interrogations, des doutes, des angoisses, des émerveillements, des incertitudes... A travers ces lambeaux de mémoire arrachés au silence, se dégage l'itinéraire secret d'un homme, surpris dans son intimité.
    L'apiculteur est un personnage modeste, assez intellectuel mais pas très intelligent. En lui, peu de goût pour les voyages ou l'aventure, peu de curiosités, pas de passions ni de folies, aucune ambition. Sa vie se nourrit de minuscules événements : des rencontres anodines, quelques amitiés, des promenades à bicyclette... une vie en somme tranquille, mesurée, presque mesurée et parfaitement mélancolique. Ce genre d'existence justement dont on ne parlerait pas s'il n'y avait soudain le bouleversement de la maladie et imminence de la mort. Cette vie, qui recule d'horreur devant la mort, prend alors une autre teinte, une autre dimension, une autre signification pour l apiculteur. Les pages de ses carnets deviennent autant de blessures Qu: se creusent et s'enflamment. Les mots se font lucides et meurtriers. Comme si la vie ne chantait jamais aussi juste que dans les confins de la mort. Bientôt, les feuillets ne se couvrent plus que des comptes rendus presque cliniques de l'évolution de la souffrance, avec, contrepoint émouvant, les errances du côté de l'enfance. Lars Lennart Westin évoque les étés passés au sud de la forêt quand il était petit garçon, la boutique de son oncle Sune, les vieilles barques brunes à fond plat, les cuisines paysannes avec leurs immenses cheminées passées à la chaux, le goût du café brûlé, les nuages bas qui se reflétaient dans l'eau des canaux... Eternel paradis de la mémoire, consolation et dernier refuge!
    Tandis que la nature abandonne le gris plombé de l'hiver pour prendre des teintes pures, transparentes, presque innocentes, l'homme affronte maintenant son agonie. II se débat autant contre lui-même et contre les limites de sa propre réflexion que contre le cancer. Les dernières pages du carnet apparaissent de plus en plus courtes, de plus en plus fragmentaires, de plus en plus brèves, de plus en plus télégraphiques. Comme dans la« symphonie des Adieux »» de joseph Haydn, modèle sur lequel est composé La Mort d'un apiculteur, où les instrumentistes, au dernier mouvement, quittent leur pupitre les uns après les autres jusqu'à ce que la musique s'éloigne, s'éteigne dans un silence final, les notations de l'apiculteur se raréfient, le souffle manque, les forces s'estompent, les mots disparaissent.
    L'ambulance vient chercher le moribond. Dernier sursaut de l'homme, « cette créature étrange balançant entre l'animalité et l'espoir » : «J'espère que les routes ne seront fias trop glissantes. On peut toujours espérer qu'il n'y aura pas d'accident. » Encore un écho au leitmotiv du roman : « On ne se rend pas. On recommence ». Alors, pessimiste, Gustafsson? « Certainement fias », répond le plus singulier des représentants de la littérature suédoise contemporaine, « on ne peut être pessimiste que lorsqu'on a des espérances ».

    Nicole Chardaire
    Source : Le Livre de Poche, LGF
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