Mauvaise conscience

Le garçon m'apportait l'addition. Il fallait donc payer Cinquante-cinq francs, huit euros trente-huit, un jus d'orange, un Coca, il fallait les payer, quand même. Poser soixante francs dans la coupelle, me lever, pousser en même temps la table pour m'extraire de la banquette, aller chercher mon manteau, ne pas se tromper, ou alors, le laisser là, marquer le coup : à quoi bon un manteau maintenant que tout était fini ? Non. Payer et aller chercher le manteau et l'enfiler, comme d'habitude, parce qu'il fait froid et que j'ai horreur d'avoir froid, pousser la porte et puis rentrer chez moi. Comment réagir lorsqu'on vient de se faire plaquer et que l'on n'arrive pas à se raconter des histoires ? C'est là le défi de Laurence, une jeune femme de vingt-huit ans, flanquée d'une lucidité qui lui pourrit la vie. Mauvaise conscience est une fable drôle et mordante, où il est question de désirs, de famille, de judaïsme, de sport, de travail et surtout d'amour.

Source : Lattès Jean-Claude