La vie mode d'emploi

Tout le monde connaît le jeu de patience dénommé puzzle, reconstitution d'une image à partir de pièces s'emboîtant avec précision mais d'un assemblage rendu difficile par leur découpe. Les pièces du pourtour et parfois une précision de dessin constituent l'armature et les repères facilitant l'appareillage de l'image entière.
Supposez que chaque chapitre de ce livre est un fragment de puzzle. Pour vous aider à recomposer l'image, sachez que le . pourtour » est l'immeuble parisien de la rue Simon-Crubellier, que ses quatre-vingt-dix-neuf morceaux apportent chacun une indication sur ses habitants de jadis ou d'aujourd'hui. Retenez enfin que le peintre Serge Valène a projeté de mettre sur la toile ce qu'il a emmagasiné de souvenirs, sensations, rêveries, etc., symbolisant le tout par un plan en coupe de cette maison où il a vécu plus de cinquante-cinq ans avec, dedans, ceux qui y logent ou y sont logé... Munis de ces repères, entrez faire connaissance avec les Gratiolet, les Beaumont, les Marcia, les Altamont, avec Gaspar Winckler et Bartlebooth, pour ne citer que quelques-uns. Les plus importants? En ce qui concerne Valène et les deux derniers, certainement. Ils détiennent une partie des clefs de La Vie mode d'emploi.
Pour qui suit patiemment les brins filés par Georges Perec, un dessin se tisse,, un microcosme apparaît et avec lui les réponses aux énigmes que posent les « romans » de ce roman - de ce prodigieux enchaînement, côtoiement, entrelacement d'existences, de souvenirs vécus ou rêvés, fondus et recomposés avec une minutie et une virtuosité fascinantes qui ont séduit à juste titre le jury du Prix Médicis 1978.

Source : Le Livre de Poche, LGF