Le pape vert

Un jeune Yankee, dévoré d'ambitions, Geo Maker Thompson, débarque un jour sur la côte d'une petite république d'Amérique centrale, hésitant entre le romanesque métier de pirate et la profession plus positive de planteur de bananes, dont il entrevoit le formidable avenir. Cet avenir, il le réalise peu à peu, grâce à son audace, à sa totale absence de scrupule, à son génie d'exploiter des faibles. Il devient ainsi, sous le sobriquet de a Pape Vert » capable d'apporter à la puissante compagnie qui l'avait mandaté quelque chose comme un territoire, dont l'annexion politique est inutile puisqu'il en a fait pratiquement une possession nord-américaine. Parallèlement à cette intrigue s'en déroule une autre, le drame intime de cette carrière d'ambitieux cynique. Aventure compliquée, puisqu'il épouse finalement la mère de celle qu'il avait vraiment aimée, et que la fille qu'il en a se laisse séduire par un inconnu qui a découvert le secret de sa vie, un assassinat dont personne ne se doute.
Et la double intrigue, dont les complexités sont réciproques (disons en passant que les scènes d'amour de ce roman sont d'une prodigieuse beauté), s'achève néanmoins par le triomphe définitif du protagoniste, vainqueur de tous ses adversaires financiers.
Mais l'intérêt majeur du livre réside dans la prodigieuse richesse des épisodes, dans le fourmillement des personnages criants de vérité, et surtout dans la profonde connaissance de la vie sous tous ses aspects : depuis le plus grandiosement cosmique, jusqu'au plus tendrement familier.
Jamais le conflit qui oppose la mentalité anglo-saxonne et le psychisme fabuleux de la race amérindienne n'a été évoqué avec autant de puissance et de profondeur que dans ce roman, qui est peut-être le chef-d'oeuvre de Miguel Angel Asturias.

Source : Le Livre de Poche, LGF