Le vaisseau des morts

Manquer l'heure de l'appareillage pour avoir trop goûté aux alcools d'Anvers, est-ce si tragique ? Il y a sur mer assez d'autres bateaux. S'étant consolé par ce beau raisonnement de l'abandon de son capitaine, le matelot de pont de la Tuscaloosa est brutalement tiré de sa rêverie optimiste par la main d'un gendarme belge. Il se dit marin et Américain : où sont le passeport et le livret qui le prouvent ? A bord ? Il le prétend.
Rejeté d'une frontière à l'autre, risquant la prison et la mort faute de papiers entérinant son existence, il prend son parti d'être rayé du monde.
Qu'on le supplie d'embarquer, il sautera sur l'occasion, mais qui solliciterait un marin sans papiers sinon le capitaine d'un bateau fantôme comme cette Yorikke qui entre en tossant dans la rade de Cadix ?
Il faudrait être fou pour monter à son bord, mais une offre d'engagement ne se refuse pas : l'ex-matelot de la Tuscaloosa devient soutier de la Yorikke. Ce n'est pourtant pas entre ses tôles rouillées que s'achève l'odyssée de Pippip et de son ami le Polonais Stanislas. L'Empress of Madagascar se charge de régler ces destinées dont B. Traven conte les péripéties avec un talent égal à celui de joseph Conrad.

Source : Le Livre de Poche, LGF