Schnitzler et les femmes

Arthur Schnitzler fut un homme à femmes. Elles sont nombreuses à paraître dans sa vie et son ½uvre. Au jeune médecin très introduit dans la bonne société viennoise, puis à l'auteur dramatique en renom, les occasions ne manquèrent pas, et il n'était pas homme à les laisser inexploitées. Il aurait pu reprendre à son compte la réplique qu'il prête à Hofreiter dans Terre étrangère en réponse à une remarque d'Adèle Natter disant qu'il y a quand même d'autres sujets d'intérêt au monde que les femmes : " Oui, pendant les pauses entre l'une et l'autre, si l'on en ressent le désir, on peut construire des usines, ou conquérir des pays, ou écrire des symphonies ou devenir millionnaire... Mais, crois-moi, tout cela n'est que foutaise, la seule chose qui compte, c'est vous ! vous ! vous ! ". Et certes, les femmes ont compté dans sa vie, sources de désirs, de délices, de douleurs... et de jalousie ; car ce séducteur qui passe sans presque sans remords de l'une à l'autre ne peut soupçonner la moindre infidélité chez ses compagnes, sans s'abandonner à des fureurs dignes d'un Othello. Renate Wagner, déjà auteur d'une biographie exhaustive de Schnitzler, trace ici avec bonheur les portraits des amies ou amantes qui jouèrent le rôle le plus marquant dans la vie et l'½uvre de l'écrivain. Aventures souriantes ou tragiques, c'est toute une galerie de visages de la Vienne d'alors qui s'offre au lecteur ; grisettes faciles, bourgeoises frustrées dans leurs aspirations, femmes du monde en quête de frissons nouveaux, et bien entendu, les artistes interprètes du théâtre de Schnitzler, jusqu'à celle qui réussira enfin à conduire devant le maire ce célibataire impénitent, soucieux de préserver, coûte que coûte, son indépendance et sa liberté d'esprit dans son ½uvre. Une ½uvre à laquelle toutes ses conquêtes ont apporté leur contribution, et dont les ombres fugitives passent dans ses récits et dans ses pièces.

Source : Stock