Télévision
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Résumé
Télévision est un essai acide, ironique et minutieux. On ne s'y intéresse pas à ce que nous raconte la télé, puisqu'elle peut dire n'importe quoi si ça lui chante, mais à la manière dont la chose nous est servie.On fait donc semblant de la découvrir pour la première fois et de s'interroger sur ce qui nous paraît évident et que la force de l'habitude nous empêchait de voir. C'est le livre d'un emmerdeur qui prend beaucoup trop au sérieux une chose qui n'a rien de sérieux. C'est, si l'on veut, le point de vue d'un ethnologue. L'auteur a vécu quelques années dans une tribu des montagnes de Nouvelle-Guinée. Il a passé son temps à regarder la pluie tomber. Il y a tourné des films documentaires, et c'est cette forme de récit, dans lequel on cherche à raconter la vie sans contrôler son déroulement, qui l'a fâché contre la télé, puisqu'elle veut nous faire croire que tout le sens du monde réside dans sa description mais pas dans son apparition. Devant la télé, l'auteur fait semblant de ne pas comprendre. Il regarde la chose de près, et puis de loin. Il tourne autour, il renifle, il s'étonne. Il analyse longuement ses mises en scène, comme s'il s'agissait de rituels exotiques. Il obéit à un principe sévère : feindre d'ignorer le nom des présentateurs. La télé est anonyme. Elle se ressemble deplus en plus. Son clergé est interchangeable. L'auteur n'attaque donc personne, il critique la machine et ses mauvaises habitudes. Il voudrait seulement faire courir le bruit qu'elle est bègue. Le plus souvent on regarde la télé comme une vache regarde passer un train : sans savoir de quoi il s'agit, mais en suivant le mouvement, puisque ça bouge. Dans notre façon habituelle de la regarder nous sommes intéressés par le récit, pas par la manière dont il est raconté (nous appelons ça de l'information et nous aimerions croire qu'elle est faite de données brutes, et que la forme est muette). Si nous prenions le temps de faire deux pas en arrière, sa manière de présenter les choses nous paraîtrait singulière. Il suffit en effet d'une simple expérience, de couper le son et de regarder la télé comme on contemple un aquarium. Tout d'un coup, les choses n'ont plus aucun sens, on ne sait pas de quoi ça parle, les images obéissent à un enchaînement qui semble dépourvu d'intention. D'ailleurs, on prête instinctivement l'oreille : on attend qu'on nous donne des explications. Et si on fait l'inverse, si on l'écoute sans la regarder, on a au contraire le sentiment que rien ne nous échappe plus, puisque celui qui parle décrit tout ce qu'il y a à voir. L'image est inutile, la parole essentielle. Regarder la télé est donc une expression impropre. Il y a là, entre la parole et l'image, un mariage raté. La parole donne la signification, tandis que l'image fournit la preuve (c'est vrai puisqu'on le voit), mais ne dit rien. C'est tout le contraire du cinéma, où ce qu'ill y a à comprendre est construit visuellement, dans une action qui se développe selon sa propre logique, et où la parole donne seulement l'élément réaliste de l'existence des personnages. Au cinéma, on regarde le monde, à la télé on écoute un commentaire sur le monde, lequel se met à ressembler à un magasin de pièces détachées (voici le camion-citerne renversé sur la chaussée, voici la nappe d'hydrocarbure, voici l'embouteillage sur l'autoroute, voici le gendarme qui dans une langue morte nous explique que le chauffeur a perdu le contrôle de son véhicule). Si Les bronzés font du ski nous était raconté par la voix nasillarde du commentateur qui connaît déjà l'histoire et parle dans notre dos (appelons cela un journaliste ou un présentateur), la chose n'aurait plus aucun sens. Les image que nous voyons sur le petit écran sont inintelligibles si elles ne sont pas accompagnées d'explications, puisque les choses ne sont pas révélées mais énumérées. L'image est seulement l'illlustration de ce que dit celui qui possède l'information et qui présente les faits. Nous sommes donc condamnés à l'ignorance et à la passivité. Il y a quelqu'un qui sait, et ce n'est pas nous ; il y a donc un envers et un endroit du sens, et nous sommes du mauvais côté. La télé se prend pour Dieu. D'ailleurs, regardez (si vous voulez bien me passer l'expression) les invités parler sur un plateau. Tout d'un coup, quelque chose vous frappe : ces gens ne se parlent pas, ils font semblant de se parler, il parlent en fait à la télé. La télé est une personne. Elle est une scène à laquelle on s'adresse. Elle est la scène de la vérité. .
Source : Grasset-
Caractéristiques
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Genre
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Auteur
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Éditeur
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Date de sortie2005
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Nb. de pages270
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Edité parGrasset
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EAN9782246676812
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